La naissance d'une petite Rihanna, dimanche près de Dijon, suscite beaucoup de réactions. Mais au-delà de l'anecdote, quelle est la règle en matière de prénoms?
Les officiers de l'état civil n'ont pas toujours la tâche facile. Parfois des parents viennent déclarer une petite Rihanna, comme c'est arrivé cette semaine à Brazey-en-Plaine, près de Dijon. La grande soeur de Rihanna s'appelle Djaysie, selon le Bien Public vendredi, qui précise qu'il s'agit vraisemblablement d'un hommage au rappeur américain Jay Z.
En novembre 2011, le prénom Daemon, donné à un bébé né dans le Nord-Pas-de-Calais, avait mené ses parents devant la justice. Le juge aux affaires familiales avait finalement tranché en leur faveur.
Une question se pose donc: peut-on en France appeler son enfant Khaleesi ou Hashtag?
> Légal ou pas légal?
La législation s'est beaucoup assouplie en matière de prénoms. Ainsi, depuis 1993, les officiers de l'état civil ne peuvent refuser les prénoms choisis par les parents et doivent les porter sur l'acte de naissance.
En revanche, si l'officier de l'état civil estime que le prénom est de nature à porter préjudice à l'enfant, il peut saisir le procureur de la République. A son tour, s'il juge le prénom contraire à la loi, le magistrat peut saisir le juge aux affaires familiales du tribunal de grande instance. "Dans les faits, cela dépend beaucoup du procureur, mais il décide souvent de ne pas donner de suite", précise un responsable de service de l'état civil. Le juge tranche et peut ordonner la suppression du prénom contesté et l'attribution d'un autre prénom.
C'est arrivé, par exemple, aux parents du petit Titeuf, né en 2009. Déboutés en appel, les parents, très motivés, avaient alors formé un pourvoi en cassation, finalement rejeté. La cour d'appel a jugé que le prénom, "de nature à attirer les moqueries, risqu[ait] de constituer un réel handicap pour l'enfant devenu adolescent, puis adulte, tant dans ses relations personnelles que professionnelles". La cour de cassation, elle, a estimé qu'il était "contraire à l'intérêt de l'enfant de le nommer Titeuf".
> Un prénom pour la vie, ou presque
Le choix d'un prénom est une énorme responsabilité, et certains parents, guidés par un désir d'originalité ou par leur passion pour Game of Thrones ou Twilight, semblent un peu l'oublier.
"Le prénom, outil étatique d’identification, est devenu support personnel d’identité: le prénom de l’état civil est de plus en plus perçu comme exprimant le moi profond", note ainsi sur son blog Baptiste Coulmont, auteur de La sociologie des prénoms.
La bonne nouvelle, c'est que la loi du 8 janvier 1993 a facilité les changements de prénom, pour ceux dont le moi profond collerait plus avec Charles-Henri qu'avec Dylan. Ou inversement.
Le prénom est aussi un vrai marqueur de l'origine sociale. C'est pourquoi les Camille et les Marie sont plus nombreuses à obtenir une mention Très bien au bac que les Wendy et les Christopher, selon une étude sociologique de Baptiste Coulmont. Cela montre que non seulement le prénom indique l'origine sociale, mais aussi que réussite scolaire et origine sociale sont liées.
> Gare au fail
Il suffit de se plonger dans l'Officiel des prénoms, de Stéphanie Rapoport, pour constater l'ampleur du drame que doivent vivre certains enfants. A côté des Emma et des Nathan, en tête du palmarès des prénoms, des petites Harmonie et des petites Pomme souffrent en silence. Sans parler des Djason, Théonie et Lého. Plusieurs Tumblr recensent ainsi des prénoms insolites, comme La ligue des officiers de l'état civil, Prénoms de beaufs, ou encore Prénom d'une pipe, sans pitié avec les Chayna et autres Kenzy. Tous de futurs camarades de classe de la petite Rihanna.http://www.bfmtv.com/societe/prenoms-megane-renault-a-rihanna-est-limite-631732.html
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