samedi 13 août 2011

Pourquoi préfère-t-on Emma plutôt que Ginette?

Mode
Les statistiques publiées cette semaine le montrent, les prénoms Nathan et Emma restent furieusement à la mode en Suisse romande. Tout comme Léa, Lara ou Nolan. Mais étonnamment, les parents interrogés reconnaissent très rarement qu’ils ont obéi à une mode en choisissant le prénom de leur enfant, note le chercheur Baptiste Coulmont, qui vient de publier une «Sociologie des prénoms» (Ed. La Découverte). Chacun veut croire qu’il a suivi son propre chemin. Et que les imitateurs, ce sont les autres.

Lilou est permis. Titeuf, non

Inventés
Lilou, Kara, Shanahan, Lya…
Les prénoms inventés de toutes pièces ont toujours la cote. Ils ont pour fonction d’individualiser au maximum les enfants qui les portent, note Baptiste Coulmont.

Limites
En Suisse, depuis les années 1990, les parents jouissent d’une grande liberté dans le choix du prénom sur le plan juridique. Mais cette liberté a des limites: l’officier d’état civil peut refuser les prénoms «manifestement préjudiciables aux intérêts de l’enfant». En France, l’officier peut alerter le procureur dans certains cas: des parents qui avaient appelé leur fils Titeuf se sont retrouvés devant un juge et ont dû rebaptiser l’enfant.

Oui, Simone reviendra à la mode

Succès fou
En matière de choix des prénoms, des tendances lourdes s’observent. Entre 1900 et 1950, les terminaisons en «ette» ont ainsi connu un succès fou, note Baptiste Coulmont. Aujourd’hui, on raffole des prénoms en «a». Les Léa d’aujourd’hui sont donc probablement les Mauricette d’hier, s’amuse l’enseignant à l’Université Paris 8.

Cyclique
Mais, attention, avertit le chercheur, les terminaisons en «ette» finiront par revenir à la mode. Idem pour celles en «ie». «Sur le long terme, on observe un retour cyclique des prénoms, tous les 120 ou 150 ans. Par exemple, on est quasi sûr qu’un prénom comme Simone, en vogue dans les années 1920, sera donné de nouveau dans trente ans.»

On est plus inventif pour les filles

Inégalité
Baptiste Coulmont note que, depuis le XIXe siècle, les prénoms féminins se renouvellent davantage que les prénoms masculins. Encore aujourd’hui, on donne plus volontiers des prénoms classiques aux garçons, et des prénoms originaux aux filles. Un exemple? Aux Etats-Unis, les noms de baptême à consonance française sont presque toujours réservés aux filles.

Lematin.ch